NE MELANGEONS PAS TOUTES LES BOBINES

Publié le par sauvonslemelville

Voici l'échange de lettres entre monsieur Le Vern, président de la région Haute Normandie suite à l'envoi de la première lettre des spectateurs ...et le deuxième souffle, représenté par Serge Diaz.

Réponse de Monsieur Le Vern au courrier de spectateurs


J’ai bien reçu votre courrier au sujet de la fermeture prochaine du cinéma « Le Melville ».

Je dois avant tout vous rappeler l’important soutien de la Région Haute-Normandie au Melville ces dernières années et faire ainsi taire toute rumeur de volonté délibérée de « laminer » ce travail collectif et cet outil culturel.

La Région a participé dès 2002 à l’aménagement des espaces et des salles de diffusion cinématographique du Melville considérant l’intérêt de l’existence de salles « Art et Essai » au cœur de la Ville de Rouen. Malgré cela, le nombre de places est très limité. Pour mémoire, je vous rappelle aussi nos interventions significatives en faveur de l’association du festival du Cinéma Nordique qui ne cessent de progresser depuis 20 ans et dont Monsieur Mongrédien est l’organisateur. De plus, la Région a exonéré à 100 % de taxe professionnelle le Melville. Enfin, nous participons majoritairement au financement des activités du « Pôle Image Haute-Normandie » auxquelles le Melville est fréquemment associé.

Pourtant, suite à un audit réalisé il y a deux ans, le chiffre d’affaire manquant à l’équilibre des comptes s’élevait à 125 000 €. La Ville de Rouen, le Département de la Seine-Maritime et la Région Haute-Normandie se sont associés dès 2006 pour allouer 20 000 € chacun à l’EURL Melville de Monsieur Mongrédien, soit 60 000 € au total. Notre soutien financier augmenta les années suivantes : Ville 40 000 €, Département 30 000 € et Région 30 000 €, en 2007 puis 2008. Notre participation collective fut donc importante pour soutenir le Melville et je ne peux accepter aujourd’hui que nous soyons ainsi attaqués.

Je rappelle une fois encore que ces aides ont été accordées à titre tout à fait exceptionnel et en dehors des politiques de droit commun de la collectivité régionale. On ne peut pas nous reprocher d’arrêter ce soutien pour lequel chacun connaissait le caractère temporaire.

En effet, les cinémas Gaumont République devaient fermer suite à la construction des Docks 76 et l’ouverture des cinémas Pathé, décidées sous le mandat de Monsieur Albertini. Nous avons refusé que le centre ville soit amputé de son cinéma historique. Nous avons donc obtenu son maintien provisoire. Aujourd’hui, la Ville de Rouen va y développer un ambitieux projet culturel alternatif, axé sur une programmation « Art et Essai ». La Région Haute-Normandie a décidé de l’accompagner en apportant 50 % du montant de l’acquisition du bâtiment pour un montant total de 2,5 millions d’euros.

Dans ce contexte, Monsieur Mongrédien a bien entendu la possibilité de présenter un projet, et nous l’y encourageons, pour animer la Délégation de Service Public de cette nouvelle structure dotée de moyens renforcés et d’une offre cinématographique bien plus importante, avant tout en faveur du cinéma d’Art et Essai.

Nous agissons tous ensemble pour que Rouen propose une offre culturelle de qualité qui s’enrichit d’année en année. Nous n’abandonnerons jamais la culture et le cinéma. Nous tenons parole et nous gardons le cap en accompagnant ce beau projet.

Je vous prie de croire, Madame, Monsieur, à l'assurance de mes sentiments les meilleurs.

Cordialement,

Alain LE VERN

 

Réponse "le deuxième souffle"


NE MELANGEONS PAS TOUTES LES BOBINES

 

Monsieur Le Vern, vous nous parlez en premier lieu de votre soutien au festival du cinéma nordique… Nous nous en félicitons, mais celui-ci est un évènement ponctuel géré par une association créée en 1986. Le Melville, entreprise privée qui fait travailler 10 personnes  fonctionne toute l’année.  Il n’y a pas lieu de faire l’amalgame....La Région se satisferait-elle que les dirigeants du Melville se cantonnent au seul Festival  Nordique? Les élus de Rouen et de la Région ont réellement besoin de cet évènement pour le rayonnement qu’il exerce mais ne jugent pas le cinéma d'art et d'essai permanent  digne d'être soutenu?

 

Vous parlez de l’exonération du Melville de la taxe professionnelle. Cela était vrai jusqu’en 2006, mais lorsque cette taxe est passée sous la tutelle de la communauté des communes, Monsieur Zimeray a refusé d’accorder au Melville l’exonération de cette taxe. Le Melville est aujourd'hui une des salles de la région qui paient la taxe professionnelle ( 15 000 euros)

 

Vous évoquez la participation majoritaire de la Région à Pôle image. Celui-ci applique une politique culturelle très présente qui profite à l’ensemble de la profession, et nous nous en réjouissons. Le Pôle Image joue son rôle auprès de l’ensemble des cinémas et pas seulement du Melville. 

 

Vous rappelez « que ces aides ont été accordées à titre tout à fait exceptionnel et en dehors des politiques de droit commun de la collectivité régionale. On ne peut pas nous reprocher d’arrêter ce soutien pour lequel chacun connaissait le caractère temporaire ». Ah bon ? le seul cinéma d’art et d’essai de l’agglomération rouennaise ne mérite pas une aide permanente ? Quelle est cette conception de l’aide culturelle ? Pense-t'on, à la Région, que l’Armada mérite davantage ?

Dans cette logique, il est normal d’avoir coupé les vivres du Melville pour 2009 et 2010 et de laisser les citoyens de l’agglo de Rouen sans cinéma d’Art et d’Essai pendant toute cette période, puisqu’ un nouveau projet a été élaboré par la mairie de Rouen (pour fin 2010, 2011 ?...).

 

Enfin, vous dites «  Aujourd’hui  la ville de Rouen va  développer un ambitieux projet culturel alternatif » Le mot « alternatif » est à la mode. En l’occurrence nous sommes désolés de devoir signaler que ce cinéma à vocation culturelle existait déjà, et que vouloir en construire un autre sur son cadavre, dans la précipitation, sans concertation avec les cinéphiles et les professionnels locaux ne nous semble pas aller dans le sens d'une démocratie participative. 

 

Vous avez, Monsieur Le Vern, un moyen concret de montrer votre attachement au cinéma d’art et d’essai, c’est d’accorder dès à présent la subvention d' URGENCE qui manque cruellement au Melville pour qu’il puisse continuer à diffuser des films après fin mars 2010.

 

Recevez, Monsieur, l’expression de nos sincères salutations.


Publié dans débat

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C
<br /> Je suis un spectateur assidu du MELVILLE,et à ce titre soucieux de sa pérennité. Mais ces appels répétés par voie de presse (Je n'ai JAMAIS vu M. MONCHRETIEN dans SON cinéma) me mettent mal à<br /> l'aise. Crier constamment à l'assassinat politique, stratégie dans laquelle s'engouffre l'opposition municipale, c'est prendre le risque d'être instrumentalisé. Peut-être un peu d'autocritique, sur<br /> les faiblesses du MELVILLE (en particulier sur la politique d'horaires de diffusion des films ne permettant pas à certains "actifs" de se rendre au cinéma au milieu de l'après-midi; sur la<br /> politique "commerciale" - ça n'est pas forcement un "gros mot" -, permettant éventuellement d'augmenter les recettes ainsi que la recherche d'une discussion "positive" avec les collectivités (et<br /> non par voie de presse), constitueraient une stratégie plus efficace qu'invectiver les collectivités. En outre, je m'étonne de la non-participation du MELVILLE à l'opération 3 € réalisée par le<br /> CONSEIL GÉNÉRAL, et dont les salariés du MELVILLE semblent n'en pas connaître la raison. Si cette ambiance semble bien peu propice à une solution pérenne pour le MELVILLE, ce que je regrette<br /> infiniment, il convient de s'interroger sur la propre responsabilité de la direction du MELVILLE, ou, à tout le moins, d'en informer les spectateurs qui lui restent fidèles.<br /> <br /> <br />
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